Réflexions de donjon
Je suis depuis quelques années sur X/Twitter. J’y partage désormais des réflexions sur la domination professionnelle pour, je l’espère, ouvrir le débat.
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1- Cycliques, comme les saisons
Je suis à présent assez ancienne dans l’activité pour voir des clients me re-solliciter après avoir fait leur tour… Tour d’eux-mêmes ou de leurs fantasmes, tour des différents donjons ici, là et là-bas (le Dominathon !), tour de ce que le « grand marché BDSM » avait à leur offrir.
Certains veulent juste un shoot, un RV et ils repartiront avant de – peut-être – revenir dans 2, 3 ans.
Très bien, ainsi va le jeu de l’offre et de la demande.
D’autres espèrent reprendre un lien alors qu’ils se sont mal comporté, ou un suivi qu’ils ont dédaigné de conclure. Et oui. Bien des soumis/clients qui se disent « fidèles/respectueux/conquis » disparaissent sans préavis ni explication, sur une promesse enthousiaste de reprendre rendez-vous ou même une, voire plusieurs annulations… quand ce n’est pas les deux.
Plus d’une fois cette attitude m’a perturbée. Surprise. Énervée. Déçue, voire froissée.
Parce que je m’attendais à mieux.
Parce que j’y vois un manque de courage, de respect et de soin, surtout dans un lien si hors norme. On peut s’absenter ou se dire au revoir sans drama, ni rien se devoir.
Parce que certains, je les ai vraiment crus morts – coucou, Covid !
Cette semaine j’ai reçu quatre demandes d’anciens clients (très) réguliers. Quatre en sept jours, c’est beaucoup. Ah mais oui… c’est LA RENTRÉE !
Aujourd’hui je sais : la majorité des soumis, c’est comme les saisons. Cyclique.
(N’empêche qu’il y en a 2-3, je les ai toujours en travers. Ils se reconnaîtront. Sourire de chat.)
2- « Proposition désintéressée »
Souvent des hommes m’écrivent. Ils souhaitent me détailler leur histoire de soumis, leur émois, leurs fantasmes, me partager leurs réflexions, leurs anecdotes.
Ils me proposent une correspondance, la lecture de leurs textes, un café, un RV dans un lieu insolite.
À présent je refuse si leur proposition sort de ce que je propose, moi : du social time – comprendre, rémunéré. Même passionnants, ces échanges me réclament de l’attention, du temps et de l’énergie que j’enlève à mes projets (ou mon repos !), un déplacement ou des heures, encore, derrière l’ordinateur.
Certains se vexent, me le font savoir ou ne se donnent pas la peine de me répondre. Comme si, en situant leur « proposition désintéressée » dans mon champ professionnel, j’avais fauté ou terni l’image qu’ils se font de moi. Un-e pro demande à qqn-e de payer pour ce qu’iel souhaite partager ? Ce n’est ni dévaluer la valeur de ce quelqu’un-e, ni du partage. C’est s’accorder de la valeur à soi, à ses compétences, à son temps de vie.
Ce n’est pas mépriser l’autre, c’est le valoriser à l’intérieur d’un cadre : le nôtre.
La situation est différente, bien sûr, quand NOUS sollicitons quelqu’un-e. Mais ça, vous l’aurez compris.
3- Hausser la barre
Avec l’expérience, je trouve qu’une des difficultés est de maintenir une très haute qualité dans ma pratique et les échanges avec mes visiteurs. Des exemples ?
– Préparer mon lieu avec soin, tout le lieu.
– Voir chaque RV d’un oeil neuf même si les demandes se ressemblent et que certains clients, touristes ou punters, me/nous traitent en pourvoyeuses de services, tirettes à endorphines quasi interchangeables.
– Trouver de nouveaux angles, de nouveaux jeux, collaborer avec des personnes inspirantes pour relancer mon enthousiasme.
– Repenser mon espace, investir dans des travaux, du matériel.
– Continuer à me former alors que je pourrais me reposer sur mes acquis.
Ces exigences envers moi-même me rendent plus exigeante envers qui je reçois ou veux recevoir.
Hausser la barre. C’est ce qui me permet, je pense, de durer dans cette activité.