Douleur, écrasement, dépassement

Réflexion sur la Dom pro
Mes proches le savent : voilà plusieurs jours que je voyage en douleur. Chaque heure. Chaque minute – sauf quand je dors et par chance, je dors. Aors j’y réfléchis, à ce sujet au centre de mon activité.
Alors je partage mes réflexions.
La douleur et moi sommes de vieilles connaissances. Elle est là depuis… une éternité ?, souvent, trop, comme une mauvaise Maîtresse, un tyran qui dès mon réveil va définir ce que je pourrai faire de ma journée, ou le goût qu’elle aura, miel, merde ou cendres.
Parfois la douleur se laisse attendrir ou dompter.
Parfois elle s’en fiche et pulse, vert bleu rouge, putain de feu d’artifice qui m’éjecte hors de moi. Il y a alors moi, elle, l’entre-deux du moielle, un équilibre périlleux et épuisant.
Puis, par phases, sans raisons connues, elle s’absente.
Ce type de douleurs ne rehausse pas l’âme (ou, en moins lyrique, l’individu), elles le rapetissent. Elles assiègent, dépriment, écrasent.
Leur seul intérêt ? Peut-être rappeler le miracle de ce qui est censé être la norme, un corps qui ne souffre pas – ou pas trop. Peut-être inviter à profiter davantage de ces moments de répit.
Au fil des années on m’a déjà dit : « Mais toi qui aimes certaines douleurs, tu devrais apprécier de souffrir, non !? » J’ai pu aimer la contrainte des cordes, le rush de me sentir vivante par l’impact, oui. Mais la sensation de clous enfoncés dans mes yeux, de 36 tonnes sur mon crâne ou de crochets de boucher déchiquetant mes muscles, jamais.
Aimer un certain type de douleur, dans certaines circonstances, avec une personne donnée ne signifie pas l’aimer tout court. Nos masochismes ont leurs préférences.
On peut aussi détester une douleur mais y consentir et lui donner un sens (variante – y consentir, et même la désirer PARCE QU’on lui donne un sens) :
– souffrir pour sa-son Maître-sse (dimension de sacrifice, d’oblation).
– Parce que notre partenaire aime telle ou telle pratique, qui va de pair avec telle ou telle douleur.
– Rechercher l’après, le grand apaisement de la douleur qui s’arrête.
– Se confronter à soi et ses limites.
La douleur est un territoire aux multiples contours, à la fois profond et fascinant, dégueulasse et terrifiant. Pour l’heure, je voudrais juste que mon voyage s’arrête. Sortir du moielle pour juste rentrer à la maison.