Madame Lule

Dominatrice à Paris

Mon prisonnier

Fort. Fort et vite, comme une agression entre deux portes.
Brutale ma main contre sa bouche tandis que je lui broie la nuque et pousse le bâillon entre ses dents. Il tente de s’échapper, mon prisonnier, pour rire d’abord mais plus mes cordes l’enserrent et moins il rit,
et soudain il ne rit plus du tout,
il a juste mal, 
peur peut-être.

« Madame,
Je voudrais tant être votre prisonnier, que vous m’attachiez et m’oubliiez sur votre plancher. »
Mon prisonnier ? Oh oui, avec joie, soyez le prisonnier que je jette sans égards à terre pour scruter vos iris écarquillés de surprise,
votre visage caché, déformé par une de mes culottes en dentelles, un bâillon-boule, de multiples tours de gros scotch de déménagement,
votre corps contraint de chanvre, de jute et de cellophane, tant de couches superposées qu’incapable de les défaire en fin de séance, je devrai les couper aux ciseaux de chantier,
une vraie scène de torture avant meurtre dans mon salon,

vous mon prisonnier qui me connaissez à peine mais qui déjà me faites confiance,
alors pour vous je vérifie tout, le passage et la tension de mes cordes,
la contrainte infligée à vos articulations,
le placement de l’adhésif sur votre bouche et votre nez,
la chaleur de vos mains et la couleur de votre front,
un couteau et deux paires de ciseaux à proximité parce que ces jeux-là, à cette intensité-là, c’est du sérieux.

– Grmrmrrprpppfff….
Mon prisonnier se tortille à terre, avec l’air hagard d’un homme qui a dégoupillé une grenade par surprise. Je m’accroupis au-dessus de son torse renversé :
– Quelque chose à ajuster ?
Signe de déni.
– Alors tais-toi.
Il baisse le menton, je rajuste une corde, « Là, là, chutttt… », je reviens vers son visage, je l’aveugle de mes paumes. La détente est immédiate, il se laisse couler dans la contrainte des entraves. Je recule d’un pas pour le scruter et graver mon oeuvre dans mon cerveau avant de mettre de la musique, de l’enlacer et de le bercer,

« Tu me déchires, tu me répares, tu m’opères à coeur ouvert,
tu me déportes, tu me grand large,
je te détache, tu me dérives… »

la chanson d’Arthur H s’égrène et s’achève, j’étreins mon prisonnier comme un enfant ou un bel amour, caresse son front humide, tapote ses tempes, mordille ses oreilles, couvre son bâillon de baisers et son dos de caresses dans la douce lumière de fin d’après-midi.

Sa tête réclame de se nicher au creux de mon giron comme si dans tout l’univers là seul était sa place,

un sourire, 

une suspension,

à cette seconde mon prisonnier sait tout de la densité du silence, de la beauté du désir et de la poignante richesse de l’abandon,
« Comprends-tu que je racle tes couches jusqu’à l’os parce qu’une partie de moi ne joue pas ? »
Mais au lieu de ces mots je lui dis que le pire, ce dont on meurt, ce ne sont pas les sentiments mais l’abandon, et qu’au lieu de l’abandonner comme il me l’a demandé je suis là, si proche dans ce jeu intime, un jeu qui n’en est pas un, qui nous dénude jusqu’à l’âme et ressemble tant à l’amour.
Je lui dis aussi qu’il est sublime d’abandon et que se montrer si vulnérable face à moi, entravé, ligoté, étouffé, c’est déjà,
oui,
accepter de se laisser aimer.

Il approuve du menton, vigoureusement.
Mais qu’avait-il dit dans son dernier mails, déjà ? Ah oui, je me souviens :
« En séance, n’ayez ni grâce ni pitié à mon égard. Pas d’émotionnel, Madame. »

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© Madame Lule, ne peut pas être utilisé, en tout ou partie, sans mon autorisation.

Photo d’Alice de Montparnasse.

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