So far, so near, so good

Je suis enfermé, sanglé dans une camisole, les yeux bandés, un casque posé sur mes oreilles.
Je ne peux plus bouger, plus du tout.
Cette cage est si étroite.
Je suis isolé. Juste rattaché au monde par une brume d’eau sur mon visage, par votre souffle sur ma peau, par une paille glissée entre mes dents et par cette musique enivrante dans mes oreilles.
J’ai un peu peur, juste ce qu’il faut.
Ma cage de chasteté est si étroite elle aussi.
Il paraît que 15 minutes se sont écoulées avant mon retour au monde. Moi j’aurais dit entre 10 secondes et 2 heures.

Qu’est-ce qui a mené Marthe Marthe dans cette situation ?
Une note, simple, directive. 
« Quand Marthe sera prête, qu’elle frappe à la porte. »
Voilà donc Marthe en plein interrogatoire médical. Son imagination la conduira rue de Verneuil puis sur la croix.
Auscultée, tiraillée, testée, fouettée, longuement, durement.
Test de résistance à la douleur ? Le dragon de Berlin. Test OK, je crois. 
Test des sensations ? La roulette de Wartenberg. Test OK, je suis Ô combien sensible après l’impact.
Test psychiatrique ? Le langage est confus et l’œil un peu flou. Test KO à mon avis. 
C’est sans doute à ce moment que la camisole est entrée en jeu. Pour remettre de l’ordre dans ma tête.

Le temps a ralenti. La camisole s’est serrée autour de moi lanière après lanière, ceinture après ceinture, inexorablement. 
Quand les sangles passent entre les jambes, je sais que c’est terminé. Je n’ai aucune chance de me libérer seul. 
Une bouffée de chaleur m’envahit alors, une montée d’excitation, de plaisir. 
Assis dans la cage, le bandeau sur les yeux, le casque sur les oreilles j’ai pu tirer de toutes mes forces sur les liens et pousser de toutes mes forces (non !) sur la porte. 
Un torrent d’excitation, de plaisir. 
Une libération. 
J’ai vécu quelque chose d’incroyable. Un fantasme, un rêve.
Frustré d’être immobilisé, isolé, frustré par ce vibro qui ne voudra jamais rester à la bonne place assez longtemps.
Frustré d’être incapable d’utiliser mes mains pour le mettre à la bonne place.
Si loin, si près, si bon.

Une question se pose : Suis-je guéri ?
Non. Vraiment pas. Je crois même pouvoir dire que la contamination s’étend à tout mon esprit pour mon plus grand bonheur.
J’ai été « horny as hell » pendant les deux jours qui ont suivi.

Vivement une prochaine consultation !