Le goût du nylon

Trois mois après notre première rencontre et quelques échanges de mails, vous me faites de nouveau l’honneur de me recevoir. Mettant un point d’honneur à être ponctuel, je me présente à la porte de votre immeuble à l’heure précise de notre rendez-vous, monte les escaliers de votre immeuble quatre à quatre et frappe à votre porte.
Vous ouvrez, me souriez, me faites entrer.

Le rituel pour pénétrer en douceur dans votre univers est le même que celui de la première séance. Après quelques paroles échangées, je dois me déshabiller devant vous, au rythme que vous m’imposez. À chaque vêtement enlevé, je le sais, un bout de mon armure sociale disparaît.
Je sais aussi que les sourires que vous m’offrez, les paroles gentiment moqueuses que vous prononcez sont autant de cordes que vous tendez pour m’attirer vers la place que je dois prendre. Bien sûr je les attrape, ces cordes, confiant et désireux de vous suivre.

Nu et douché, je me présente ensuite à la porte de votre Boudoir. Avant d’actionner le heurtoir, je respire une dernière fois.
J’hésite.
Le faire résonner c’est accepter de basculer, c’est réaliser un voyage qui sera, je le sais, une nouvelle fois marquant. Une idée fulgurante me vient et me suggère de fuir. Je la chasse, frappe et attends votre réponse.

Me voila maintenant devant vous, à genoux, les mains sur la tête. Vous me passez un collier autour du cou et sortez de son étui la cage de chasteté que vous avez prévu d’installer sur mon sexe. A sa vue, je m’inquiète un peu mais n’ose pas vous le dire. Vous vous en rendez compte bien-sûr mais vous continuez comme si de rien n’était.
Sa mise en place n’est pas si facile mais, à quatre mains, nous y arrivons. Contrairement à ce que je craignais, elle ne me fait pas mal, elle opère plutôt comme une sorte d’anesthésiant. L’effet est plutôt inattendu mais finalement assez agréable. À tel point que, durant la séance qui va suivre, les sensations que je vais ressentir sur les autres parties de mon corps vont être teintées d’une couleur particulière : épurées, brutes, intensifiées, non parasitées par la perception d’une érection.

Un bâillon-boule dans la bouche qui m’empêche de sortir le moindre mot intelligible, j’ai maintenant pour première consigne d’adorer vos pieds. Je découvre l’exercice et ne sais pas trop comment m’y prendre. Gêné par la boule dans ma bouche qui m’empêche de les embrasser, je frotte mon visage sur vos pieds, sous vos pieds, les masse tant bien que mal.
Malgré mes efforts, mon travail ne vous satisfait pas. Vous me retirez le bâillon et me plantez vos orteils au fond de la gorge. Vos pieds forcent le passage de mes dents et maltraitent mon palais. Ils ont le goût du nylon et du plaisir de la soumission.
Depuis ma position allongée sur le dos, j’aperçois parfois furtivement le haut de vos cuisses. Je voudrais poser mes mains dessus, les toucher, les caresser mais je n’ose pas. Je me contente de regarder.

Vous me traînez sans ménagement sur quelques mètres et me faites allonger sur le dos, un coussin sous les fesses, les jambes relevées et m’enfoncez brutalement un gode dans la bouche. Surpris, je manque de m’étouffer. Ca vous amuse et vous me le dites en – bonheur ! – me tutoyant.
La tête coincée, clouée oserais-je dire, je ne peux me soustraire à vous ; vous en jouez, accentuez la pression dans ma bouche, me pincez le nez pour m’empêcher de respirer, lâchez prise et recommencez.

/…/

Vous m’ordonnez de vous regarder dans les yeux, j’essaie mais rester concentré implique un gros effort. Balloté, secoué, bringuebalé par vos coups de rein et vos sévices, j’ai le sentiment de n’avoir plus prise sur rien, d’avoir perdu tout contrôle. Je me vois transformé en objet tant le peu de volonté qu’il me restait semble avoir disparu.

/…/

Au sortir de la douche, le thé que vous m’offrez peine à me faire retrouver mes esprits. J’ai même du mal à tenir une discussion avec vous tant les images de ce que je viens de vivre reviennent et se télescopent. Un combat se joue dans mon esprit : mon moi social, assommé d’injonctions moralisatrices s’insurge de ce que lui a fait subir mon moi profond, avide quant à lui de nouvelles aventures. Et sans surprise c’est bien ce dernier qui prend le dessus.

Témoignage de J.

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