La sarabande infernale
Vous voilà avec un martinet. Vous avez choisi celui avec les lanières tressées, bien raides, qui laissent de belles marques. Je sursaute sous chaque impact. Vous visez mon torse mes flancs, mes aisselles. Les coups s’abattent avec force et régularité. Je souffle, gémis. Le résultat ne se fait pas attendre, de longues traînées vermillon ponctuées de violet. Au tour de mes fesse, à grands coups de langue de dragon. Les sensations sont fortes et pourtant, je tends mon corps vers vous, comme si je voulais mieux vous l’offrir.
Les martinets rangés, vous délivrez mon sexe, enchaînez une de mes chevilles, et accrochez ma jambe bien haut. Je repose sur un seul pied, et me balance mollement. Revoilà la roulette et les chatouilles. Je ris, souffle, bave, me balance de plus belle sous vos moqueries. Cette fois, la sarabande infernale ne dure pas. Vous enlevez les pinces, je peux enfin fermer la bouche. Vous me laissez un instant de répit.
Revenue, vous enchaînez mon autre cheville.
– Tirez sur vos bras.
Je me soulève de toutes mes forces, vous accrochez mon autre jambe aussi haut. Je ne touche plus le sol. Mes bras et mes jambes commencent à tirer. C’est inconfortable, et exaltant à la fois. Je suis à votre merci, suspendu en l’air, sans échappatoire. Qu’allez vous me faire?
Je ne vois plus rien. Vous m’avez aveuglé avec un masque. Vos mains sur mes épaules. Une légère poussée. Je me balance doucement. Je ne m’y attendais pas. Vous me tenez plus fermement, et je flotte de droite et de gauche au milieu de l’Alambic. Les mouvements deviennent amples.
– Merci Maîtresse.
Tout à coup, vous me saisissez à bras le corps, me soulevez et je tangue dans l’espace comme si je parcourais toute la pièce. C’est instinctif, mon corps se tend, je viens poser ma tête dans le creux de votre épaule. J’ai l’impression que nous ne faisons plus qu’un, vos cheveux contre ma joue, moi dans vos bras. Je voudrai vous dire mille mots et je me sens démuni.
C’est génial. Merci. Vous êtes une magicienne.
Quels pauvres remerciements en regard du moment unique que vous me faites vivre. L’émotion me reprend au moment où j’écris ce texte et revis ce moment.
Vous me relâchez. Bras et jambes tirent sous mon poids retrouvé. Les balancements continuent, réguliers, de faible ampleur. Alors, vous m’empoignez à nouveau, vos bras serrés, ma tête dans votre chevelure. De nouveau je parcours l’espace. De nouveau je me sens démuni.
Merci Maîtresse. Et la musique va si bien avec.
Vous me lâchez un court instant, rapprochez votre ordinateur. La musique auparavant lointaine envahit la pièce. Je vole de nouveau, enveloppé dans son rythme. Vous avez créé un petit morceau d’éternité. Combien de temps cela dure-t-il? Je ne sais pas. Je suis en train d’écrire, et je flotte encore avec vous dans l’espace. Ces sensations sont en moi pour toujours et de nouveau, l’émotion de ce beau souvenir me submerge. Croyez-moi, les larmes ne sont pas loin. Voila, ces quelques lignes me laissent le sentiment d’être un peu moins démuni. J’espère avoir réussis à vous faire partager mon émotion et avoir enfin su vous remercier.
Les membres me tirent de nouveau. Vous essayez d’améliorer ma position avec une chaîne supplémentaire. Ça ne fonctionne pas, ce n’est pas grave.
Quelques instants plus tard, je suis au sol, allongé, un épais coussin sous les reins. Vous repliez mes jambes en arrière, les enchaînez à mes poignets. De nouveau le masque. Accroupie entre mes cuisses, vos doigts fouillent, s’enfoncent dans mon anus. Soudain, vous vous relevez. Un jet chaud et fort m’éclabousse. Vous me pissez dessus. A la puissance du jet, je vous devine la culotte écartée, à demi accroupie au dessus de moi, entrain de vous soulager. Un nouveau jet, mon visage dégouline.
Une soudaine sensation d’étouffement. Vous venez de vous asseoir sur mon visage. Ma respiration est limitée, vos rondeurs m’enserrent. Quel voluptueux enfermement. Je vous sens peser sur moi, tiède, juste séparé de votre intimité par un peu de dentelles. Une nouvelle fois vos mains s’affairent, la chaleur des griffures me parcourt en tout sens. Votre bas ventre se contracte, je connais déjà la suite. Et ça ne tarde pas. Votre urine ruisselle sur mon visage et mes cheveux. Encore quelques griffures et vous roulez sur le côté. Une jambe pèse sur ma poitrine, l’autre me bâillonne juste au niveau de votre creux poplité. Par le masque à demi relevé, je vous vois sourire de mon impuissance. Pour rien au monde je n’échangerai ma place, je me sens tellement bien dans cet abandon que je vous offre.
Vous vous êtes levée. Je suis seul dans le noir. J’ai froid. Maîtresse, où êtes-vous?
La réponse vient bientôt. De minuscules brûlures parsèment mes cuisses. Vous êtes là, au dessus de moi, inclinant votre bougie. La cire chaude goutte sur mon ventre, éclabousse ma poitrine, me réchauffe.
Une courte absence. Brusquement, un froid glacial, inhumain. Je me plierai en deux si je n’étais pas entravé. Vous parcourez mon corps avec un glaçon. Je crois bien que j’ai crié. Vous insistez sur les endroits que vous avez martyrisés. La sensation de chaleur laissée par vos mauvais traitements disparaît subitement. Je suis congelé, je tremble, je claque des dents.
Vous me libérez, enlevez mon masque et me laissez me détendre sous une couverture. Je me réchauffe un peu.
– Je vais vous frictionner, ça vous réchauffera.
– Griffez-moi, s’il vous plait.
Comment faites-vous? Il me semble que mille mains parcourent mon corps en tout sens, à une vitesse prodigieuse. La douce brûlure des griffures m’envahit. Quelle incroyable sensation finale.
Témoignage de W.