Vous appartenir

Allongé sur le dos, presque en position foetale, au milieu de votre boudoir, pieds, mains et tête coincés dans un carcan, je vous écoute me parler immobilier et vente aux enchères. De temps en temps, comme si de rien n’était, vous passez nonchalamment une roulette sur mes cuisses ou sur mon sexe. Malgré la douleur, je suis bien. Très bien même tant le fait de vous voir rire de me faire souffrir excite ma libido.

La séance est terminée depuis plusieurs minutes mais vous avez décidé de la prolonger pour essayer un nouvel accessoire (le carcan donc) et profiter de cette occasion pour me torturer gentiment.
L’espace d’un instant, je m’imagine à votre place, devant le tableau de cet homme que vous connaissez à peine. Parfaitement immobilisé, dans une position franchement humiliante, les parties génitales offertes et l’anus écarté. Vous ne semblez nullement gênée, vous faites comme si nous prenions un verre en discutant de la pluie et du beau temps. Moi, je joue le jeu et vous réponds tant bien que mal. De temps en temps, je tente même un trait d’humour qui fait apparaître un sourire sur votre visage.
Vous me dites que vous voulez me prendre à nouveau. Devant mon hésitation vous renoncez, je suis en effet rincé. Quelques minutes plus tôt, vous m’avez fait vivre un orgasme d’une intensité inouïe, suivi de près par un orgasme anal totalement inattendu. Une première pour moi et la découverte haute en couleurs de nouvelles sensations : un feu d’artifice sensoriel qui a soudainement embrasé et électrifié l’ensemble de mon corps.
Ces deux orgasmes, je les ai vécus allongés sur le dos, les mains attachées aux pieds, les pieds accrochés à des chaînes, les chaines fixées au plafond.
Vous êtes face à moi, entre mes jambes et me sodomisez, alternant coups de reins puissants sans concession et étreintes douces et voluptueuses. Vous essayez plusieurs tailles de godes. Le plus gros est trop gros, le plus petit, trop petit, une taille intermédiaire semble faire l’affaire. Enfin, je crois, parce que, dans ma position, je ne vois pas grand chose, je ne peux que ressentir. Ressentir le plaisir d’être baisé, d’être votre soumis, d’être utilisé comme un objet sexuel. Vous appartenir. Ne plus avoir de pouvoir de décision, ne pas même en avoir l’envie : être ce que vous désirez que je sois.
Chacun de vos coup de reins est ponctué par le cliquetis des chaînes qui prolongent mon corps en accord avec le tempo de la musique qui provient de la pièce d’à côté : un orchestre sensuel de sons, d’image et de sensations. Parfois vous accélérez brutalement le rythme, je gémis, crie de douleur ou de plaisir, je ne sais pas. A d’autres moments, vous ralentissez, me sussurrez quelques mots à l’oreille et accélérez à nouveau. Las, vous me retirez la cage de chasteté.
Cette cage, vous l’avez posée sur mon sexe quelques minutes auparavant en prenant soin de ne pas me pincer la peau.
Mon sexe ne semble pas d’accord. Il se débat, se rebiffe, se tend,  cherche l’érection par tous les moyens. Vous l’y aidez, l’encouragez avec votre vibromasseur mais rien n’y fait : le métal de la cage est trop solide. Je suis frustré mais c’était bien votre objectif. Vous me le confirmez avec un sourire doucement sadique.
Assise sur mon visage, ce sont bien des pinces que vous accrochez maintenant à la peau de mes testicules. Je ne vois pas mais je sens. Et surtout je me souviens. Je me souviens que ce qui fait mal ce n’est pas la pose mais la dépose, que la douleur est à venir et que je suis en sursis. Sursis de courte durée puisque une pince se décroche à l’occasion d’un faux mouvement : la douleur est pointue et précise, chirurgicale presque, mais disparaît aussi vite qu’elle est apparue : j’ai le sentiment qu’une aiguille vient de transpercer la peau de mon testicule.
Avant de subir ces tourments, je me trouvais face à vous, à genoux, les mains accrochées derrière le dos. Vous, assise confortablement sur une chaise, bien droite, vous me pincez les tétons et me tirez les cheveux ; m’enfoncez votre main au fond de la gorge ou me plongez la tête dans vos seins. Je suis balloté, secoué mais le simple fait d’avoir les mains accrochées derrière le dos m’excite terriblement. Des images tournent dans ma tête, je me projette, imagine tout ce qui va m’arriver mais vous me faites revenir à la réalité par une gifle, presque une caresse.
Pris au dépourvu, je pousse un cri de surprise, qui semble vous surprendre aussi. Vous voilà arroseuse arrosée!
Il y a cette question que vous me posez et dont je n’ai pas la réponse. Une règle du jeu que vous m’aviez expliquée l’année passée, je n’en ai aucun souvenir. Et cela ne vous convient pas du tout, vous exigez que j’y réponde correctement. C’est le début de la séance mais mon esprit est déjà embrumé, je n’arrive pas à réfléchir : je me triture les méninges, bredouille, essaie de me souvenir mais ça ne vient pas. Foutu pour foutu, je tente un coup de bluff en reformulant différemment une réponse que j’avais déjà faite. De toute évidence, on ne vous la fait pas, vous décelez tout de suite l’arnaque. Je crains de subir votre courroux mais vous n’en prenez finalement pas tant ombrage que ça. Me voila presque déçu.
Je me revois sur le quai du métro une demi heure plus tôt. Je regarde l’heure fébrilement, j’ai peur d’être en retard. Pour passer le temps, j’essaie de parcourir quelques pages de mon bouquin sans succès. Voilà un an que je ne vous ai pas vue, je suis anxieux et impatient, nerveux et excité. Vais-je tenir la séance ? Serai-je à la hauteur de ce que vous attendez ? Vais-je prendre du plaisir?
Je me dis qu’il y a une part de risque à réaliser des fantasmes, à passer de l’idéal au réel :  risquer d’être déçu, de constater que le ressenti physique est trop éloigné du ressenti imaginé.  Mais je sais maintenant, grâce aux deux séances que j’ai déjà faites avec vous, que la clef d’une séance est la confiance : confiance en moi, bien sûr, mais surtout confiance en vous qui me guidez dans cette exploration avec tant de finesse, d’intelligence et d’élégance.
Ragaillardi par ces réflexions je monte dans le metro, impatient de découvrir ce que vous me réservez, heureux de passer à nouveau du temps avec vous.
Témoignage de J.

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