Un soumis novice parmi d’autres
Vous m’aviez prévenu : la séance commence avant la séance.
Quand ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre.
On pourrait soutenir qu’elle commence avant même d’oser vous écrire pour solliciter une première rencontre avec vous, Madame. Mais à quel moment précis cette décision prend-elle corps ? Peut-être lors des émois que j’ai ressentis en vous admirant sur votre annonce ou de ceux éprouvés après, à la lecture des détails raffinés et troublants de votre site, ou encore après, en ressentant des tensions dans mon bas-ventre à entendre les chuchotements de la Férule.
Peu importe, au fond. Quel que soit l’instant, une alchimie perverse m’a poussé un jour à faire apparaître ma boîte mail sur mon ordinateur, et je savais que je n’avais plus le choix, que je ne m’appartenais plus, ou plus tout à fait. Je ne pouvais que rédiger la candidature que vous exigez, sans renoncer, sans excuses, sans retour.
Il faut alors que vous mesuriez, Madame, à quel point cette emprise constitue votre première éclatante victoire, même si vous ne pouviez la connaître à ce moment. Écrire à une maîtresse-femme telle que vous revient à briser bien des interdits moraux et à violer des règles sociales que je respecte habituellement. Je n’ai pourtant pas hésité. Et je souhaitais même ardemment que ma requête réussisse, car si j’éprouvais un plaisir inconnu à former les mots du mail sur mon clavier, elle ne suffit pas, et de beaucoup, en elle-même à combler l’appétit de jouissance à l’origine de ma démarche. Elle l’alimentait au contraire et je ne la considérais que comme le moyen de parvenir à l’endroit sublime, c’est à dire à vos pieds.
J’écrivais donc avec soin, puisque vos exigences sont élevées, et que j’avais conscience de n’être qu’un soumis novice parmi d’autres. Connaître votre joug est un privilège à conquérir. Je pesais chaque mot, chaque expression, toutes mes formulations dans un seul but : ne pas trop vous déplaire, de sorte que je puisse obtenir une réponse favorable. Je me relisais et me relisais encore. Puis, enfin, peu satisfait du résultat mais incapable d’en produire un autre, et tremblant (de crainte ou de plaisir ?) de susciter votre mépris ou bien pire, votre indifférence, je cliquais.
Alea jacta est.
Témoignage de JM.