Pour vous je peux tout
Je voulais vous remercier pour votre douceur et votre sauvagerie, qui ont fait couler le chaud et le froid sur moi – des vagues de sensations sur lesquelles vous m’avez porté de manière experte. Le froid lorsque vous m’avez laissé trembler sur cette croix que j’avais admirée et redoutée, les subtiles attentes, l’expectative. Le chaud dont vous m’avez gratifié lorsque vous m’avez plus tard réchauffé de manière si personnelle avant de m’envoler au rythme de votre musique envoûtante.
5 jours ? C’est le temps qu’ont pris les marques de vos dents pour disparaître de mes épaules. Je m’en souviens bien, je les ai admirées chaque matin et chaque soir dans la glace, jusqu’à ce qu’elles disparaissent. Sauf cette petite dernière qui faisait de la résistance, quelques dents imprimées dans ma chair qui m’avaient fait hurler, de douleur ou de plaisir je ne sais plus.
Le reste est plus flou, des bribes, des souvenirs de sensations, un nuage, des explosions de bonheur.
Je me rappelle d’un martinet, de sangles, de mon impuissance sur la croix a éviter vos coups, vos ongles, vos dents.
Je me rappelle de l’attente de chaque coup, en rythme avec la musique, entêtante.
Je me rappelle d’un petit stylo, un caprice.
Je me rappelle d’un mors dans la bouche, ma bave qui coule sans que je puisse la retenir.
Je me rappelle de votre voix dans mon oreille qui me glisse ce mot – la canne – que j’avais évoqué, me disant que c’est bien plus douloureux que le martinet, que je ne suis pas encore prêt. J’en rêve maintenant.
Je me rappelle d’un doigt, puis plusieurs, d’un gode.
Je me rappelle de cette sensation de chaud sur mon ventre, ce liquide enivrant, qui n’en finissait plus, de vouloir plonger dedans.
Je me rappelle surtout de cette balançoire, de flotter au milieu de votre salon comme perdu dans l’océan. Et de la tempête qui a suivi. De vous Madame, enfoncée au fond de moi encore et encore. Des cris que vous m’avez arrachés. Je vois votre sourire mutin lorsque vous m’avez annoncé que l’on pouvait essayer plus gros. Oh oui Madame, on peut essayer. Et on a essayé. Je me rappelle cette sensation, suspendu à votre plafond, la pénétration, le remplissement. Et surtout cette douleur au plus profond de moi, lorsqu’arrivant au bout de la course vous avez rencontré mon fond. Avec toute votre douceur et toute votre cruauté vous avez recommencé, doucement d’abord, puis de plus en plus fort. Alors j’ai compris le bonheur et le supplice de la balançoire. Encore et encore je vous sentais si loin, si profond.
J’ai crié, je ne savais plus si c’était de plaisir ou de douleur, mais au fond peu importait les deux se mélangeaient sans fin. Quand je n’en pouvais plus vous vous arrêtiez, juste quelques instants.
Je bafouillais, oui encore, je ne sais pas, je n’en peux plus, encore s’il vous plaît. Une fois, deux fois, cinq fois, vous m’avez emmené jusqu’au bout de la jouissance, le corps entier tremblant, emporté depuis l’intérieur.
Cinq fois ? Je ne sais plus. Je tremblais, vous me preniez, je hurlais, vous me preniez, je vous regardais, vous me preniez. Et toujours ce plaisir extraordinairement intime, la perte de tout contrôle, la soumission totale à chacun de vos mouvements.
Et je me rappelle enfin votre question, pas inquiète, plutôt curieuse : « Pensez vous que vous pouvez éjaculer maintenant ? » Oh oui je peux Madame, pour vous je peux tout. Mon corps épuisé et tremblant, votre main douce pour m’aider, et toujours votre queue immense en moi, battant le fond de mon ventre. Une double jouissance, intense, totale, des cris encore, plus rauques, fatigués, et votre voix qui m’accompagne dans la redescente.
Je flotte encore quelques minutes, attaché à votre balançoire, je digère, je profite.
En écrivant ceci, en revivant ces moments je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la suite. Comme pour une drogue dont on voudrait toujours plus, mes idées dérivent. Cette canne que j’espère rencontrer un jour. Un dos zébré, des fesses rougies. La collection de godes, impressionnante. Vos instruments mystérieux, vos jeux, vos scenarios sadiques. La fée électricité peut-être ? Et vous Madame, si vous acceptez de me revoir un de ces jours. Murmurant à mon oreille, torturant mes tétons, martyrisant mes bourses, me fouillant et m’explorant, pour me mettre à nu et me posséder comme je ne l’ai jamais été.
Merci Madame, pour votre douceur et votre violence. Merci de m’accompagner dans ce voyage, de m’aider à repousser mes limites, merci pour ces découvertes qui font le sel de la vie.
Témoignage de Papillon.
