Ne pas céder à la tentation
Quand je propose publiquement une tâche de mon calendrier perpétuel du soumis, le Malendrier, et que K s’en empare, voilà le résultat…
Élément de contexte : cette tâche fastidieuse mêle absurde, opiniâtreté et résistance à l’ennui, pleine conscience et méditation. Je l’ai imaginée il y a quelques années, après visionnage du documentaire The Artist is present, consacré à l’immense performeuse Marina Abramovic.
Conclusion : il y a tout un monde, y compris intime, dans une simple poignée de riz.
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Il y a quelques jours, j’ai vu que vous avez écrit un message sur X (anciennement Twitter) sur une tâche en guise de punition pour la prochaine séance: trier une poignée de grains de riz tout en ayant un gode vibrant.
Intrigué par cette tâche, j’ai voulu essayer pour voir ce que j’allais ressentir.
J’ai commencé par prendre une poignée de riz puis je l’ai déposé sur la table. À ce moment-là, en voyant le tas de riz, je me suis dit que ça allait prendre beaucoup temps mais que je devais le faire quelque soit le temps que ça allait me prendre.
Ensuite, j’ai inséré mon gode et je l’ai mis en marche pour qu’il se mette à vibrer. J’ai mis le mode de vibration le moins intense au vu de la longueur de la tâche.
Je me suis assis puis j’ai commencé à trier ces grains un par un avec une pince à épiler. Je les ai rangés par colonne de 5 pour pouvoir les compter plus facilement à la fin. Lors des premiers instants, je me suis dit quel allait être les effets du gode sur la durée. Déconcentration ? Manque de précision et de rigueur ? Excitation montante ? Gêne ?
Au bout de 30-45 minutes en regardant les grains restants, j’avais l’impression que j’allais jamais finir ma tâche, je n’arrivais pas à savoir si j’avais trié 20%, 15%, 10% voire 5% des grains de riz. J’ai compris que le plus dur allait être dans ma tête et qu’il allait être très facile d’être découragé.
Au bout d’une heure, le gode s’est arrêté donc j’ai appuyé sur le bouton de la télécommande pour le réactiver sans succès. J’ai tout de suite compris que la batterie était morte. Que le gode vibre ou non, j’ai décidé que je le garderai jusqu’à la fin.
Au bout de deux heures, j’étais toujours concentré à prendre les grains de riz un par un même si j’ai dû faire travailler mon mental pour ne pas céder à la tentation d’arrêter en plein mieux de la tâche.
C’est au bout de 2 heures et 28 minutes chronomètre en main que j’ai terminé de trier ces grains de riz. À ce moment-là, j’ai ressenti une satisfaction d’avoir enfin fini la tâche et de voir les grains de riz rangés par lignes. Évidemment, en me levant de la chaise, il était hors de question de toucher la table au risque de mettre à l’eau tout ce travail. Je les ai comptés et je suis arrivé à la fin à 2080 grains de riz.
Avec du recul, le gode ne m’a pas si dérangé que cela. Peut-être que j’aurais dû être plus optimiste et activé le mode de vibration le plus intense voire même d’activer les va-et-vient pour rendre cette tâche plus contraignante. Me concernant, j’ai été surpris et content d’avoir réussi à mettre mon cerveau en mode off, ce qui m’a permis de surmonter mon impatience.
À la fin, j’ai remis ces grains de riz dans le paquet car évidemment on ne joue pas avec la nourriture au risque d’être puni.