La perversité suprême
Madame,
Lors de ma première séance avec vous, je n’ai pas obéi à votre consigne, puisque j’ai joui tandis que vous m’aviez explicitement prescrit de ne pas le faire. C’est alors qu’en guise de punition vous m’avez ordonné de vous écrire une réflexion sur la notion d’obéissance.
La voici, avec un retard dont je vous prie de bien vouloir m’excuser.
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Or, avant la séance de la manière impersonnelle que j’ai décrite dans mon compte-rendu, puis de manière adaptée à mes propres vices, vous vous êtes attachée (si je puis dire) à me prodiguer exactement ce qui fait monter en moi les forces de l’extase. Vous le saviez pertinemment, puisque nos échanges préalables étaient destinés à les déterminer ensemble.
Vous les avez réalisés avec tant d’exactitude que j’ai pu croire que vous aviez pénétré mes fantasmes aussi profondément que mon cul. Il va de soi qu’une Maîtresse sûre de son fait comme vous l’êtes avait une parfaite conscience des conséquences de ses actes. Et vous ne pouviez donc ignorer qu’ils me pousseraient jusqu’à une extrémité insupportable.
Vous avez donc voulu « me tester », ou peut-être même voulu me voir échouer ? Je n’en serai pas étonné. D’ailleurs je trouve cette dernière hypothèse excitante en elle-même : vous imaginer me punir pour un acte que vous avez vous-même suscité en jouant sur ma faiblesse.
N’est-ce pas la perversité suprême ?
Ce que j’apprécie chez vous, entre autres qualités, c’est la perfection dans la perversité, comme portée à son raffinement ultime. La colère que vous avez exprimée à la vue de ma transgression pouvait alors être feinte, ou mi-feinte, mi-sincère, peu importe. Vous m’aviez tendu un piège, fait jouer à un jeu ou je ne pouvais que perdre et vous gagner.
Vous avez lancé une pièce en l’air : face je partais frustré, pile je partais puni. Dans les deux cas, votre victoire était absolue, et j’étais humilié. Et bien sûr, j’ai adoré ce jeu.
Témoignage de JM.